Dans le sillage d'Ulysse
En cette période de confinement, ce n'est pas vraiment la télévision qui nous tient compagnie sauf que ... cette semaine, nous avons regardé une magnifique émission sur Arte qui reste sur la replay jusqu'en juin et c'est pour cela que j'avais envie de vous en parler.
Elle s'appelle "dans le sillage d'Ulysse avec Sylvain Tesson", il s'agit d'une série de 5 épisodes de 30 minutes qui retrace le parcours de l'Odyssée sur la mer Méditerranée en suivant les mythes et les rencontres avec les dieux. Sylvain Tesson s'est inspiré des travaux du géographe Victor Bérard qui au XIXe siècle avait proposé pour l'Odyssée cet itinéraire. Sylvain Tesson a d'abord écrit un livre, un été avec Homère (que j'ai maintenant très envie de lire) et dans ce documentaire, il nous montre les magnifiques paysages de la Méditerranée en suivant Ulysse des ruines de Troie jusqu'à Ithaque en passant par les rivages de la Sicile, le Vésuve, le Stromboli... A chaque arrêt, il relit des passages de l'Odyssée, rappelle les différentes rencontres d'Ulysse avec le cyclope, les sirènes ou Circé mais montre aussi combien le texte d'Homère peut nous parler : par exemple, les sirènes qui chantent de façon magnifique et nous rendent fous sont vus par Sylvain Tesson comme nos portables ou les réseaux sociaux qui nous détournent de la vraie vie par ce qu'ils nous proposent et nous offrent de soi-disant mieux...
Le mieux est de le regarder parce que c'est un magnifique moment que je ne saurais pas bien vous décrire. Je termine juste par cet extrait d'une interview de Sylvain Tesson à qui on pose la question "comment vivez-vous cette situation de confinement, vous qui avez souvent expérimenté la vie recluse lors de vos voyages ?"
"Oui, l'immense différence est qu'ici la situation nous est imposée. j'ai en effet vécu de nombreuses expériences de confinement volontaire. L'isolement, la quarantaine dans des bateaux, ermitages, cabanes ou refuges, j'adore ça, comme des parenthèses enchantées que je m'offre. Pour écrire un été avec Homère, je m'étais isolé dans un pigeonnier vénitien du XVIe siècle, à 200 mètres au dessus de la mer, sur l'île de Tinos dans les Cyclades. Si je reste un fervent défenseur de la thébaïde, je ne peux que déplorer la situation que nous vivons aujourd'hui. L'injustice étant que tout le monde ne vit pas également ce confinement. Je dois avouer qu'il est pour moi supportable, parce que la solitude et le silence sont mes outils de travail. Et puis j'aime beaucoup cette expression "Faire contre mauvaise fortune bon coeur". (Télérama, 8 avril 2020)